Mes éléments clés de la parentalité bienveillante

Ah, la parentalité bienveillante... on en parle beaucoup (pour ne pas dire partout) et c'est un sujet qui me passionne et me tient à cœur.
Lorsque nous devenons parents, nous sommes forcément bienveillants envers nos enfants : nous souhaitons le meilleur pour eux. Mais cela ne s'arrête pas là : pour entrer pleinement en relation avec son enfant et justement, lui donner les outils qui lui permettront de s'épanouir en grandissant, la bienveillance doit se retrouver dans nos actes, nos mots, nos attitudes.
Au-delà du "savoir faire", la bienveillance est, pour moi, un "savoir être".

C'est d'abord en tant que professionnelle de la petite enfance que j'ai fait mes "premiers pas" dans la bienveillance et mes premières lectures ont été une véritable prise de conscience (Isabelle Filliozat, si un jour vous passez par là, sachez que vous m'avez ouvert les portes de la bienveillance et je vous en remercie !).
Je souhaite donc vous présenter les 8 éléments clés qui, pour moi, permettent une belle entrée en la matière :
  • Prendre soin de soi
  • La verbalisation
  • Etre conscient des étapes (et du processus) de développement de l'enfant
  • Accompagner l'enfant dans le ressenti et l'accueil de ses émotions
  • Etre conscient que l'adulte est un modèle pour l'enfant
  • Se responsabiliser et utiliser le "je"
  • Apprendre à s'excuser auprès de son enfant
  • Formuler les phrases de façon positive
Ces éléments m'ont beaucoup apporté dans le cadre de mon travail en crèche mais aujourd'hui, c'est aussi et surtout à la maison qu'ils me permettent de construire une belle relation avec ma fille. Installez-vous confortablement, cet article sera certainement le plus long de ce blog ! :)


➞ Prendre soin de soi
Nous le savons, il est très difficile au quotidien de trouver du temps pour recharger les batteries ! Entre le travail, les enfants, l'entretien du foyer, les courses... les journées passent à une vitesse folle. Alors, depuis la naissance de ma fille, j'ai appris à cultiver les petits bonheurs : une longue douche chaude, lire un bouquin au calme, se poser pour une méditation, faire du sport, savourer un café ou un thé... mais aussi de temps en temps les soirées entre ami(e)s, un resto en amoureux, une séance de cinéma, une virée shopping, etc.
Prendre soin de soi, ce n'est pas seulement "se faire du bien physiquement" mais c'est prendre soin de soi intérieurement. On m'a déjà dit "pour être bienveillant avec les autres, il faut l'être avec soi-même". Savoir s'écouter, répondre à ses besoins, être "nourri", permet par la suite d'être ouvert et d'entrer pleinement en relation avec les autres. Tout comme nos enfants, nous avons besoin de douceur, d'écoute et de respect pour la personne que nous sommes. Laissons-nous le droit d'exister.
Au fur et à mesure de votre lecture, vous verrez que tous les éléments se croisent, se joignent et se complètent. Quand je pense à "prendre soin de soi", je pense aussi à "l'adulte est un modèle pour l'enfant" : un enfant qui voit son parent se respecter, prendre soin de ses émotions, saura lui aussi être à son écoute et prendre soin de lui.

➞ La verbalisation
Pendant la grossesse, le bébé perçoit déjà les émotions de sa maman et ce phénomène va continuer encore bien des années après sa naissance. Certes, les bébés ne comprennent pas le sens des mots comme nous, mais ils saisissent l'intention, l'émotion et l'intensité qui s'en dégagent.
Pour permettre à nos enfants d'identifier, comprendre et accueillir leurs émotions, il est important de les accompagner dans ces différentes étapes en verbalisant ce qu'il se passe pour eux, mais aussi pour nous. Je m'explique : tous les jours, nous sommes traversés par une palette d'émotions et de ressentis (joie, fatigue, fierté, colère, plaisir, tristesse, sérénité...) et le fait d'en parler à nos enfants permet en premier lieu de les sécuriser en mettant des mots sur ce qu'ils perçoivent, mais aussi de donner un nom et un sens à ces émotions. On parle de nous "j'ai appris une mauvaise nouvelle, je suis triste", "je suis content de te voir", "je suis contrariée car la voiture est en panne" et aussi d'eux "je vois que tu es en colère parce que tu n'y arrives pas", "tu te frottes les yeux, tu es fatigué(e)", "je vois que tu es content(e) d'aller te promener"... autant de phrases simples pour verbaliser ce qu'il se passe en nous et en nos enfants. Petit à petit, ils vont pouvoir reconnaître leurs émotions et en parler, mais en tant que parents cela nous permet de les aider à différencier leurs émotions des nôtres : "je vois que tu es énervé(e), tu dois sentir que je suis tendu(e). Tu n'y es pour rien, je suis agacé(e) parce que...".
La verbalisation apporte aussi du réconfort et offre la possibilité de parler de ce qu'il s'est ou va se passer. Par exemple, lors du dernier mois de ma grossesse je parlais à ma fille pour lui expliquer l'accouchement, les contractions, le monde extérieur, etc. Puis quand j'ai repris le travail, qu'elle serait gardée par une autre personne que papa et moi, que nous viendrions la chercher le soir. C'est aussi un bel outil à utiliser au quotidien et j'ai vu papa verbaliser aussi (pour mon plus grand plaisir) : "maman va aller prendre sa douche, je vais rester avec toi dans le salon et on va jouer ensemble", "repose-toi bien, tu es fatiguée. Tu as besoin de dormir", "tu sais, on a du monde qui vient à la maison ce soir. Tu les connais, ils sont déjà venus", etc. J'adore l'écouter quand il lui parle et lui explique les choses. Bien sûr, le vocabulaire est a adapter selon l'âge de l'enfant.

➞ Etre conscient des étapes (et du processus) du développement de l'enfant
Nos enfants sont de petits êtres en perpétuelle construction et notre rôle en tant que parent est de les accompagner dans leurs différentes acquisitions. Préparez-vous à utiliser vos capacités d'adaptation car cela va très vite, notamment avant 3 ans.
Nos enfants sont guidés principalement par leurs émotions et leurs ressentis qui leurs sont propres : ils évoluent de façon unique et les comparer entre eux n'a donc aucun sens. Chacun grandit avec sa sensibilité, son degré de curiosité d'envie. Alors, pas de panique si votre enfant ne marche pas encore alors que celui de votre ami(e) court partout au même âge : c'est que l'attention du vôtre est focalisée sur un autre apprentissage, plus subtil mais tout aussi important (comme la motricité fine, la mémorisation des mots pour préparer le langage...). Avec le temps, j'ai appris qu'il y avait une règle : une acquisition à la fois !
Notre meilleur outil en tant que parent, c'est de porter un regard bienveillant sur leurs apprentissages. Quoi de mieux que de sentir son parent confiant lorsque l'enfant fait les choses par lui-même ? Cela leur apporte confiance en eux, en leurs capacités, en leurs ressources intérieures et ils prennent conscience "qu'ils sont capables de".
La verbalisation est utile dans ces grandes étapes, en permettant à l'enfant de se rendre compte de ce qu'il fait, que ce soit du petit bébé ("oh tu as réussi à attraper le jouet que je te tendais ! Tu dois être content(e)"), au bébé plus grand ("tu as avancé à 4 pattes c'est super ! Tu peux être fier(e) de toi !") puis à l'enfant ("c'est la première fois que tu finis ce puzzle tout seul, ça faisait un moment que tu essayais. Tu es satisfait ?").
Pour finir sur cet élément clé, je vous invite à prendre le temps avec vos enfants. La société, le quotidien vont déjà bien assez vite et on va rapidement leur demander beaucoup de choses. Être encourager à aller à son rythme à la maison ne peut être que bénéfique !



➞ Accompagner l'enfant dans le ressenti et l'accueil de ses émotions
Lorsque le bébé sort du ventre de sa maman, il n'est que sensations, ressentis et émotions. Tout est nouveau et intense. Cela s'estompe avec le développement du cerveau qui, en grandissant, va lui permettre de comprendre ce qu'il se passe en lui, de l'accueillir et l'exprimer. Pour cela, nos bébés ont besoin de nous. Ce point clé m'a beaucoup apporté car je me suis petit à petit reconnectée à ses fameuses émotions qui déclenchent tellement de choses lorsqu'elles sont ignorées ou bloquées !
Ce sont de petites phrases simples, naissant de nos observations, qui vont pouvoir accompagner nos enfants dans cette idée d'identification et accueil de leurs émotions. Nous pouvons les aider à s'exprimer en leur montrant que toute émotion à le droit d'exister (même celles qui peuvent paraître désagrebles) : "tu as le droit d'être en colère", "je vois que tu as du chagrin", "pleure si tu en as besoin, ça fait du bien", "tu es heureux de prendre ton bain", "je vois que tu es fier(e) de te tenir debout", etc.
Certaines remarques comme "tais-toi", "ce n'est rien", "arrête ta comédie" peuvent enfermer en eux des émotions qui ont besoin de sortir.
Pour nous aider, Isabelle Filliozat nous explique dans son livre "Au cœur des émotions de l'enfant" qu'il ne faut pas oublier qu'une réaction de nos enfants qui nous paraît absurde ou injustifiée ne l'est pas pour eux. A nous de les aider à exprimer leur vérité pour les encourager à vivre et comprendre ce qu'ils ressentent, sans pour autant essayer de trouver une solution immédiate : les enfants ont parfois besoin de temps.
Et comme nous sommes les modèles de nos enfants, il est possible de les encourager dans cette démarche en parlant de nos propres émotions ! Par exemple après que notre enfant ait traversé une colère : "tu te souviens quand ma voiture ne démarrait plus ? J'étais en colère ! On a dû appeler le garage et tata pour qu'elle nous prête sa voiture. Quand on a pu partir, je me suis sentie mieux, la colère était passée" ou "j'ai dansé de joie quand j'ai eu une bonne nouvelle, comme toi quand mamie t'a proposé d'aller au cinéma".
On rejoint la verbalisation (une fois de plus !) et l’élément clé suivant : ils sont tous liés !

➞ Etre conscient que nous sommes le modèle de nos enfants
Dès leur naissance, nos enfants nous aiment inconditionnellement et ont en nous une confiance aveugle. Ils pensent que tout ce qui vient de nous est une "vérité". En grandissant, ils vont donc naturellement nous imiter et se construire en observant nos réactions, comportements, réflexions et paroles.
Il est donc important pour moi qu'il y ait une cohérence entre mes mots et mes actes quand je m'adresse à ma fille. On ne peut pas dire à son enfant "arrête de crier" si on le dit en criant, "ne tape pas" si on lui tape la main ou les fesses, "arrête de t'énerver" si à l'intérieur on est en train de bouillir. Ou bien leur faire vivre des incohérences comme "fais un bisou à la dame" et "ne parle pas aux inconnus", "n'aie pas peur, vas-y" mais dès que l'enfant est trop entreprenant "attention, tu vas tomber !"... Pour nos enfants, tout ceci sont des non-sens.
Je ne dis pas de se "surveiller" dès que l'on parle car on perdrait notre authenticité et notre spontanéité. Simplement, le fait de prendre conscience que nos enfants se construisent en nous prenant comme exemple permet de prendre du recul si besoin, de nous observer en tant que parent et parfois de "réajuster" certaines de nos attitudes.
Cela peut aussi nous aider à montrer à nos enfants certaines de nos valeurs. Chez nous, papa doux et moi tenons à la politesse et c'est en nous entendant nous dire "merci", "s'il-te-plaît", "bonjour/au revoir", etc que notre douce les intégrera le mieux (plutôt que de la mettre mal à l'aise avec le fameux "j'ai pas entendu !") :)
En crèche, j'assiste parfois à des scènes adorables : une petite de 2 ans qui donne le sein à sa poupée parce que maman le fait avec son petit frère, un petit garçon qui fait la vaisselle avec sa dînette comme papa... on a aussi de jolies anecdotes comme "je bois l'apéro avec papa et maman", "je ne veux pas mettre mon pantalon comme papa" et j'en passe !

➞ Se responsabiliser et utiliser le "je"
Lorsque nous vivons une situation inconfortable, il nous arrive de considérer les autres comme la source de cet inconfort et nous utilisons le "tu" accusateur plutôt que de se retrouver face à soi-même et observer ce qu'il se passe à l'intérieur. Et bien cela arrive aussi que nous le faisions avec nos enfants.
Exemple : vous êtes au téléphone et votre enfant court dans la maison, crie, vous apporte tous ses jouets... l'agacement s'installe et vous lâchez un "tu es pénible ! A cause de toi je n'entends rien de ce que l'on me dit ! Prends tes jouets et va jouer dans ta chambre". Ces quelques mots pourraient se transformer en "Je suis agacé(e) [ressenti] quand tu parles si fort pendant que je suis au téléphone [comportement]. Je n'arrive pas à entendre [effet concret]. Si tu as envie de jouer avec moi [écoute du besoin de l'enfant], je te propose de le faire quand j'ai fini d'accord ? En attendant, tu peux installer les jouets dans ta chambre si tu veux [proposition d'une alternative]".
Le "je" permet d'exprimer nos ressentis de façon responsable et respectueuse. De plus, le fait de parler du comportement de l'enfant plutôt que de sa personne lui permet de voir qu'il est possible de réajuster son comportement et ainsi trouver avec son parent une réponse à son besoin et une solution satisfaisante.
Cet élément clé est aussi très utile dans notre "vie d'adulte" !

➞ Apprendre à s'excuser auprès de son enfant
Arriver en retard, oublier d'appeler une personne, bousculer quelqu'un, repousser un événement programmé... autant de situations où nous présentons nos excuses naturellement. Mais nous oublions parfois nos enfants ! Ils ont pourtant droit à autant de considération qu'un adulte (si ce n'est plus) et méritent des excuses quand cela est nécessaire.
Par exemple, on promet à notre enfant de jouer avec lui ce soir après le repas. Mais au dernier moment "et zut, j'ai oublié de préparer ma réunion pour demain"... il n'y a plus qu'à lui expliquer : "je suis désolé(e), je n'ai pas le temps de jouer ce soir car j'ai oublié que j'avais du travail. Je te propose pour ce soir un gros câlin et demain on prendre plus de temps ensemble, en faisant le bain et en jouant ensemble après si tu veux. D'accord ?". Le fait de présenter vos excuses n'empêchera peut-être pas votre enfant de manifester son mécontentement ou sa déception. Il faut le comprendre, il attendait ce moment avec impatience. Mais au moins il a entendu que vous étiez désolé(e) de cette situation et vous lui avez proposé un autre moment ensemble.
Pour autant, je pense qu'il est important de ne pas repousser ces moments de complicité de façon répétée. Nos enfants en ont besoin et nous aussi !

➞ Formuler ses phrases de façon positive
Comme nous l'explique Isabelle Filliozat, la négation demande à l'enfant une gymnastique intellectuelle dont il n'est pas capable en bas âge : il doit se représenter l'image, puis la négation de celle-ci. Pour aider nos enfants et bien se faire comprendre d'eux, éviter les négations est une idée intéressante.
Voici quelques exemples :
"Ne mange pas avec tes doigts" → "Prends ta cuillère pour manger"
"Ne cours pas" → "Marche doucement"
"Ne crie pas" → "Parle doucement"
"Ne mets pas ça à ta bouche" → "Garde-le dans ta main"
et ainsi de suite. Cela nous demande un sacré effort car si nous prêtons attention à notre façon de parler, nous faisons beaucoup de négation tout au long d'une journée !
En parlant de façon positive, on permet à nos enfants de mieux comprendre ce que nous leur disons/demandons et je trouve également que c'est plus agréable pour nous. Avec de l'exercice, les négations deviennent de moins en moins nombreuses même si bien sûr, par réflexes, on en garde encore.


Voilà, vous êtes arrivé(e)s au bout de cet article (bravo à toutes les personnes courageuses qui ont lu jusque là ! Et merci !).
Vous l'avez sans doute remarqué, ces différents points peuvent également nous apporter beaucoup dans nos relations de "grandes personnes" (c'est en tout cas certain pour moi) et ils sont tous liés les uns aux autres !
Si vous souhaitez vous lancer dans cette belle aventure, surtout soyez patients ! Tout ne peut pas changer en une journée, ça vient progressivement avec le temps, en faisant les choses petit à petit.
La parentalité bienveillante n'est, pour moi, pas une mode. C'est réellement un outil, une aide dans mon souhait de construire une relation de confiance, d'écoute et de liberté avec ma douce.
Je ferai des erreurs, je ne serai pas toujours au top de la bienveillance et je ne pourrai pas empêcher ma fille de vivre frustrations et déceptions. Je serai parfois inquiète, prise de doutes ou dépassée. Mais je ferai de mon mieux, comme nous toutes, pour l'accompagner dans sa vie de bébé, d'enfant, d'adolescente puis de jeune femme. La voir bien dans ses baskets sera ma plus belle récompense.

Prenez soin de vous, merveilleux parents et croyez en vous.

Commentaires