Motricité libre : notre ressenti après 9 mois de pratique

Grâce, entre autres, aux travaux de la pédiatre et psychopédagogue hongroise Emmi Pikler (1902-1984), nous avons aujourd'hui accès à de nombreuses informations au sujet du développement de nos enfants et comment les accompagner vers une motricité libre et épanouie. J'avais lu plusieurs articles à ce sujet dans le cadre de mon travail et l'idée de passer à la pratique à la maison me tentait beaucoup.

Tout d'abord, pourquoi le principe de permettre à bébé d'avoir une motricité libre me séduisait ? Parce que je me suis mise à la place d'un bébé et je me suis dit "je n'apprécierai pas qu'on m'oblige à me mettre dans une position et me sentir coincée". Aussi parce que je voulais permettre à ma fille de faire ses choix dès son plus jeune âge : le choix de bouger, de regarder, de découvrir, de toucher. Car en faisant par lui-même, l'enfant est à l'écoute de son rythme, de ses envies et besoins. Il prend confiance en lui en apprenant de ses "mésaventures" : il apprend à se relever, puise en lui les ressources nécessaires pour continuer à avancer.

Pendant ma grossesse, papa Doux et moi avons parlé de ce que nous voulions ou pas pour notre bébé et nous étions d’accord sur le fait que nous la laisserions faire chaque chose à son rythme et surtout, par elle-même.
Nous avons donc décidé de ne pas acheter de transat, de parc, de trotteur ou tout autre objet pouvant entraver ses mouvements. Nous voulions la voir évoluer librement.

Lorsqu’elle était toute petite, notre doucette passait la majorité de son temps dans nos bras, dans l’écharpe de portage ou bien sur le coussin d’allaitement disposé en U.
Petit à petit, les temps d’éveil se sont prolongés et nous profitions de ceux-ci pour l’installer sur le dos, sur son tapis. Débuts tout en douceur : nous restions tout près d’elle pour qu’elle puisse nous voir tout en lui expliquant ce qu’il se passait pour la rassurer.


En grandissant, sa vue se faisait plus nette et sa perception du monde qui l’entourait aussi. De temps en temps, nous avons placé des jouets ou des images au niveau de son regard de sorte qu’elle puisse les voir si elle tournait la tête à droite ou à gauche.
Son intérêt pour certains objets était vraiment visible et nous avons vite constaté qu’elle essayait de les attraper. Chaque jour, elle a pris un peu plus conscience de son corps et affiné ses gestes pour finir par atteindre son objectif.


Grande curieuse et déterminée, autant vous dire que notre fille voulait tout découvrir et tout de suite. Son évolution motrice a donc été très rapide car elle y trouvait beaucoup de satisfaction : attraper les jouets à sa portée, les tenir puis les lâcher, basculer sur le côté, faire dos/ventre puis ventre/dos, pivoter sur le ventre, faire des roulés-boulés, ramper, s’asseoir, faire du quatre pattes, se mettre debout...
Autant d’étapes que nous avons pu suivre avec plaisir et fierté (ainsi qu'une larme de maman à chaque "première fois" !) et nous sommes impressionnés par sa patience et ses efforts pour atteindre un but. Par exemple, pour passer du dos au ventre, elle se poussait sur ses pieds, donnait des coups de hanche pendant de très longs moments, jusqu’à y arriver ! J'ai même pris un fou rire en voyant son air surpris lorsqu'elle s'est retrouvée dans cette nouvelle position pour la première fois !


À maintenant 9 mois, sa soif de curiosité est infinie et notre surveillance est poussée au maximum pour l’accompagner en toute sécurité car elle s’intéresse à tout et elle fonce ! Nous lui apprenons aussi ce qu’elle a droit de faire ou non et il faut s’armer de patience car avant d’intégrer une consigne, l’enfant a besoin de reproduire l’action ou le geste interdit et d’observer la réaction de son parent pour être sûr d’avoir bien compris. Le fait que l’enfant recommence alors que vous venez de lui interdire n’est pas une provocation mais une vérification.


Exemple chez nous : arracher les feuilles de la plante. Une vraie passion quand elle a découvert que c'était possible. Nous lui avons expliqué de la même façon à chaque fois : « c’est dangereux que tu arraches les feuilles de la plante et les mettent à la bouche. Ce n’est pas un jouet. Je sais que ça t’intéresse beaucoup mais je ne peux pas te laisser faire. Si tu veux jouer, je peux te donner ça ». Aujourd’hui, elle ne touche plus à la plante. Il a fallu environ 1 mois. De temps en temps, elle va toucher mais nous regarde toujours avant de le faire et le simple fait de lui dire "non doudouce, tu sais que c'est interdit" suffit à lui faire passer son chemin.
Il est important d’expliquer calmement à l’enfant le pourquoi de l’interdit (c’est dangereux, fragile) et de lui proposer une alternative (un autre jouet ou objet) car le simple « non ! » crié et déplacer l'enfant n’aura pas de sens pour lui. Avec de la douceur et de la patience, tout se fait.
En motricité libre, bébé va partout et il y a un élément essentiel à respecter : veiller à la sécurité de son enfant ! Prises protégées, meubles stables, produits ménagers hors de portée, matériel dangereux rangé et ainsi de suite. Pour vous aider, allongez-vous au sol à côté de votre bébé et regardez autour de vous : vous pourrez peut-être découvrir que certaines choses potentiellement dangereuses lui sont accessibles.


Pour ce qui est des chutes, il y en a, c'est évident. Laisser son enfant évoluer en toute liberté implique de ne pas se laisser dépasser par ses propres peurs. En tant qu'adulte, voir son enfant essayer de monter sur le canapé ou se hisser debout sur des jambes encore peu sûres par exemple, peu paraître très dangereux (ce sont nos propres peurs qui parlent) alors que l'enfant ne voit/vit qu'une nouvelle expérience. Oui, il peut tomber et se cogner et il apprendra de cette expérience pour faire différemment la prochaine fois ou être plus prudent. Le mieux à faire : l'accompagner ("tu essais de monter sur le canapé ? Accroche-toi bien et pousse fort sur tes pieds", "tu es debout ! Prends ton temps pour tester ton équilibre, mets tes pieds à plat, c'est tout nouveau !") et surtout avoir une petite trousse à pharmacie en cas de bobos.

La motricité libre est un choix, et comme tous les choix que vous faites pour votre enfant, ils doivent être fait en votre âme et conscience. Il n'y a pas de vérité unique, seulement des milliers de façons de faire.

Alors, pour conclure cet article, je vous encourage de tout cœur à suivre votre intuition, à adapter, à faire "à votre sauce", pour votre bonheur et celui de votre enfant.


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