J'ai toujours voulu être maman

S’il y a bien une chose que j’ai su dès toute petite, c’est que « quand je serai grande, je serai maman ».

Ce sentiment a grandi et surtout mûri avec les années pour arriver à son apogée à mes 25 ans. Je terminais ma formation d’auxiliaire de puériculture durant laquelle j’ai effectué différents stages : en pédiatrie, maison de l’enfance, crèche, maternité et urgences pédiatriques.
J’ai côtoyé des parents mais surtout des mamans et j’ai assisté aux tempêtes émotionnelles que l’on peut ressentir : la joie immense d’accueillir un enfant, apprendre à le connaître, l’accompagner, le rassurer, s’inquiéter, avoir peur, douter, pleurer, espérer, s’émerveiller… ces moments dont j’ai été un témoin privilégié n’ont fait que renforcer ce désir de connaître moi aussi, cette aventure fantastique.

Mon chéri me parlait souvent d’avoir un enfant à l’époque. Mais je l’ai (nous ai) fait patienter. Je souhaitais finir ma formation, trouver un travail et m’y épanouir, voyager et laisser encore à notre couple un peu de temps pour évoluer.
Et c’est l’année de mes 26 ans que ma douce est venue s’installée au creux de moi, estimant certainement que c’était le bon moment pour nous rejoindre. Cette grossesse a été pour moi un tremplin incroyable vers moi-même, me permettant de mieux me connaître, me respecter et de prendre conscience du caractère sacré de l’expression « porter la vie ». Enfin, je vivais l’expérience qui me faisait rêver depuis mon plus jeune âge.
J’en ai même ressenti un certain soulagement lorsque j’ai vu le mot « enceinte » apparaître sur le test : j’avais tellement espéré connaître ça un jour, qu’une peur avait fait son nid silencieusement dans un coin de ma tête. La peur de ne jamais savoir ce que c’est d’être maman.

Si la nature n’avait pas été aussi généreuse avec moi, je sais pertinemment que je me serai battue comme une lionne pour avoir un enfant. J’aurais tout tenté et adopté si la maternité n’avait pas été possible pour moi. C’était inconcevable d’avoir une vie sans enfants. D’ailleurs, l’adoption est encore dans un coin de ma tête, même si j’ai déjà une famille et des enfants biologiques. Mais c’est un autre sujet.

Avec ce profond désir d’être mère qui m’animait, toutes les émotions qui m’accompagnent depuis le tout début de ma grossesse me semblent démesurées. Je ressens tout puissance 1 000 ! En tant que professionnelle, j’étais déjà vite émue de la situation d’une maman, je ressentais de la compassion. Aujourd’hui, en tant que maman, je comprends. Je comprends les larmes d’une maman qui doit laisser son bébé à garder. Je comprends cette inquiétude permanente. Je comprends l’euphorie des « premières fois ». Je comprends la fatigue et les doutes. Et je comprends cet amour inconditionnel.

Je crois que c’est ce qui m’a le plus bouleversé et ce à quoi je m’attendais le moins : aimer inconditionnellement un autre être. Bien sûr, on aime des gens tout au long de notre vie : notre conjoint, nos parents, frères, sœurs, ami(e)s… mais là c’est tout autre chose qui se joue. En une fraction de seconde, on se met à aimer un petit être inconnu, que l’on va découvrir jour après jour. Un petit être pour lequel on donne sans conditions, sans rien attendre en retour. Un petit être qu’on accepte tel qu’il est, avec ses envies, besoins, rêves et projets. Un petit être pour qui on pourrait donner notre vie.

Malgré cet amour, il m’a fallu 6 mois pour me sentir pleinement à l’aise dans mon rôle de maman, dans le sens où j’étais littéralement terrorisée à l’idée de ne pas savoir répondre aux besoins de ma douce, de ne pas la comprendre. Peur que j’ai passé sous silence car je n’arrivais pas à la reconnaître et j’ai trouvé plus facile pendant un temps de l’ignorer plutôt que de l’accueillir pour mieux la vivre.
C’est une longue conversation avec Papa Doux qui a permis de libérer mes peurs, les siennes et de continuer à avancer ensemble, beaucoup plus sereinement et dans la même direction (autre expérience de maman que je n’imaginais pas : voir son couple traverser des moments difficiles et en sortir beaucoup plus soudé et apaisé. La communication c’est la clé !).

Devenir maman, c’était aussi reprendre contact avec mon âme d’enfant que le sérieux de la vie d’adulte m’avait fait oublier. Je vois le monde à travers les yeux de ma fille. Je m’émerveille ou m’émeut pour de toutes petites choses et ressent un profond enthousiasme à lui faire découvrir.
Encore ce matin, en arrivant chez sa nounou, nous sommes restées quelques secondes devant son portail : il neigeait et on a entendu tout près un pic taper du bec sur un tronc d’arbre. Elle avait les yeux grands ouverts et écoutait, attentive. C’est ce genre de petits moments que je trouve magiques et nous « remplissent », en tant que parents, d’amour et d’humilité face aux êtres incroyables que sont nos enfants.

« J’ai toujours voulu être maman »

Cela fait bientôt un an que ce rêve est devenu mon quotidien et je crois que je ne réalise pas encore tout à fait. Il y a quelques jours, Papa Doux m’a dit : « tous les jours je me dis que je ne peux pas l’aimer plus. Et le lendemain, je me rends compte que je l’aime encore plus que la veille ».


Finalement c’est ça être parent, tu penses que ton cœur a atteint les limites de l’amour qu’il peut ressentir, mais en fait il continue de grandir, chaque jour.

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